Staatstheater

En 1971, plusieurs évènements attirèrent l’attention du public. Non seulement les revendications de Pierre Boulez quant au dynamitage des maisons d’opéra, les travaux de rénovation et de restructuration qui ensuivirent mais également la Première sensationnelle de « Staatstheater » à Hambourg. Prenant pour cible l’opéra traditionnel, l’œuvre démonta l’institution et le genre et indiqua au nouveau théâtre musical le chemin à suivre, légèrement hors des sentiers battus, mais depuis bien parcouru. La partition de Kagel se compose de centaines de miniatures scéniques, instrumentales, vocales et chorégraphiques. Bien que devant se plier à certaines règles, l’assemblage laisse une grande part de liberté afin que chaque représentation soit inédite. Ainsi une nouvelle interprétation de l’œuvre devient un jeu de patience dont le sujet n’aurait encore aucun modèle ni vue d’ensemble et les pièces aucun contour précis. « Staatstheater » traite non seulement de l’opéra mais va au-delà de la simple représentation de l’intrigue, des personnages, du « bel canto » et des sentiments. Ces caractéristiques, utilisées comme citations, sont déformées, brouillées comme dans un kaléidoscope. Tournant voluptueusement autour d’elles-même, elles font ainsi apparaître le grotesque des figurations d’un monde à problème. Si Opera Lab Berlin se consacre aujourd'hui à ce grand classique trop rarement joué, c’est afin d’élaborer également un monde théâtral kaléidoscopique ne se préoccupant que de lui-même où le vieux « Théâtre National » serait » État théâtral des Anciens »...