ODYSSEY: Dead Men Die

« L'humanité dut s'infliger des épreuves terribles avant que le moi, le caractère identique, pratique, masculin de l'être humain, fût créé, et quelque chose de ce passé se répète dans chaque enfance. » (Adorno/Horkheimer dans « Odyssee » - chapitre de La dialectique de la raison.) L'Odyssee d'Homère témoignait déjà d'une crise sociale profonde et de la tentative de surmonter celle-ci par le rétablissement brutal du « bon vieux temps. » « ODYSSEY : Dead Men Die » règle ses comptes de façon impitoyable avec cette propagande. À l'occasion de la projection du nouveau blockbuster sur l'Odyssee, les membres d'une famille brisée se retrouvent et s'affrontent : la propriétaire du cinéma, frustrée; son fils, furieux; et l'acteur d'Ulysse devenu insignifiant, celui-là même qui a quitté la famille depuis longtemps. Tous espèrent sincèrement un monde meilleur, tous souffrent de leur situation et cherchent leur salut dans un semblant de dépassement de soi jusqu'à ce que les employés, dans une rage aveugle, se révoltent... « ODYSSEY : Dead Men Die » est un moment spectaculaire de théâtre musical et de farce, un théâtre déambulatoire qui nous fait perdre nos repères, un feu d'artifices apocalyptique de styles théâtraux et musicaux, un requiem strident pour l'ordre patriarcal, lors duquel la grande tragédie de notre époque – où toute résistance ne fait que préserver ce contre quoi elle s'oppose – ne peut plus être supportée que sous les traits du grotesque.